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Date de création : 06.03.2015
Dernière mise à jour : 11.05.2015
246 articles


ALMPUC chapitre 3

Publié le 15/03/2015 à 02:47 par lemondeimaginairedesevsileig
ALMPUC chapitre 3

Les années passent. Deux, trois ou peut-être même quatre, je ne sais pas exactement. Je dois avoir 18 ans, peut-être un peu plus. C’est difficile d’évaluer le temps quand on passe sa vie sur les chemins de campagnes, parfois des villages et beaucoup plus rarement des villes. Ce que je sais, c’est que depuis le petit garçon de la ferme, je n’ai plus tué personne. Le monstre ne s’est plus emparé de moi. Pas une seule fois. Je me sens seul. Il me manque beaucoup, parce que depuis tout ce temps, pas un seul souvenir n’a ressurgi en moi. Mon cerveau est envahi de nuages noirs, épais. Pas un seul flash du passé n’a fait surface. Rien.

 

Oh, j’ai bien tué quelques animaux, après les avoir violés pour satisfaire mes besoins naturels, ensuite je les mange. Crus. Ils ne sont pas aussi bons que ceux que le monstre tuait avec moi, et certainement pas aussi bons que le petit garçon dont j’avais dévoré quelques morceaux. Mais il faut bien se nourrir. Le problème, c’est que je ne les fais pas souffrir comme ceux que je tuais lorsque le monstre entrait en moi. Donc je n’avais eu aucun flash. C’était désespérant.

 

Je me répète comme une litanie : « Gaspard, je m’appelle Gaspard… » Dans l’espoir que cela ouvre une porte dans ma mémoire, mais en vain. Aucun souvenir ne surgit du néant.

 

Je marche toujours dans la campagne, dans la montagne, dans la forêt… ce jour-là, au détour d’un chemin, je tombe sur un grand bâtiment pratiquement en ruine. Comme il pleut, je m’approche des ruines dans l’espoir de trouver un endroit pour m’y abriter. Je m’endors sous un porche à moitié effondré, mais, à ma grande surprise, je suis réveillé par le tintement d’une cloche.

 

Qui peut donc actionner une cloche dans un endroit aussi perdu ? On dirait que cela vient du bâtiment en ruine… Je me lève, encore hagard, les yeux remplis de sommeil. Je me recule pour mieux voir. Oui, le bruit vient bien du bâtiment en ruine.  Je ne veux pas rester là. C’est trop bizarre ces cloches qui retentissent alors qu’on doit être encore la nuit. Ce bâtiment est peut-être hanté. Et j’ai peur. Je me sens mal à l’aise la nuit. Quand le monstre n’est pas là, j’ai peur de beaucoup de choses.

 

Je veux partir, mais une voix forte retentit :

 

-Hé là ! Qui êtes-vous ?

 

Venue du tréfonds de mon âme, une prière monte à mes lèvres. Mes jambes tremblent. Une haute silhouette encapuchonnée s’approche de moi d’un air menaçant. Je voudrais fuir, mais je n’y parviens pas. J’ai peur. J’appelle le monstre, mais il ne vient pas. J’ai pourtant tellement envie qu’il vienne à mon secours.

 

-Qui êtes-vous ? Que faites-vous là à une heure pareille ? Reprend la silhouette.

 

Je ne peux pas répondre. Je ne sais pas. Les mots refusent de franchir mes lèvres. D’ailleurs que lui répondrais-je ? Je ne sais même pas qui je suis…

 

La silhouette s’approche de moi. Je ferme les yeux, persuadé qu’elle vient pour me tuer. Je rouvre les yeux. Mais non, c’est bien un homme. Un moine qui n’avait revêtu son capuchon que pour se protéger de la pluie. Il m’avait vu de loin et il vient simplement voir pourquoi j’ai dormi là.

 

-Vous-êtes vous égaré mon fils ? Demande-t-il, d’une voix qui n’est pas du tout agressive.

 

Je voudrais répondre, mais je ne sais plus vraiment comment faire. Ca fait quelques temps que ma voix n’a plus servi, que je n’ai plus parlé à personne. Depuis mon dernier patron. Il y a combien de temps au juste ? Je ne sais pas. Je sais seulement que lorsqu’il s’écoule un assez long laps de temps entre la dernière fois que je me suis servi de ma voix, par la suite, il me faut réapprendre à parler. C’est difficile. Les mots se perdent. Mes souvenirs sont constitués plus d’images et de sons que de paroles. Oh je finis toujours par savoir à nouveau parler, lire, écrire, comprendre ce que l’on me dit, mais cela me prends de plus en plus de temps à chaque fois. Je crois qu’un jour je finirai par ne plus savoir m’exprimer, par écrit ou verbalement. Mais est-ce que ça a vraiment de l’importance ?

 

Je parviens quand même à retrouver ma voix et mes mots pour répondre au moine que je m’appelle Gaspard. Mais je n’arrive pas à en dire plus. Gaspard comment ? Je ne sais pas. D’où je viens ? Je n’en sais rien. Est-ce que je suis perdu dans la forêt ? Oui et non. Je ne sais pas où je suis c’est un fait, mais je ne vais nulle part. Je n’ai nulle part où aller. Je me contente d’errer dans les campagnes, sans même connaître les noms des villages dans lesquels il m’arrive de passer. Sans même savoir dans quelle région je suis. Sans même savoir dans quel pays je suis… Je viens de le réaliser… Je parle Français. Enfin je crois. Est-ce que je suis en France ? Dans quelle région ? Suis-je Français ? A vrai dire je n’en sais rien. Je me contente de répéter au moine que je m’appelle Gaspard.

 

Le moine n’insiste pas. Il me demande si je veux entrer me sécher et me réchauffer. Je ne réponds pas, mais je le suis. Oui j’ai envie de me réchauffer. Oui j’ai faim. J’ai sommeil parce que je n’ai pas beaucoup dormi. Et surtout j’ai très mal dormi. Et pas uniquement cette nuit. Ca fait des années que je dors mal, que j’ai froid, faim, que je suis mouillé au point de ne jamais parvenir à me sécher ni à me réchauffer. Surtout maintenant que le monstre ne vient plus me rendre visite.

 

Je suis le moine à l’intérieur du bâtiment à moitié en ruine. Je remarque qu’il m’a regardé bien en face et qu’il n’a pas eu de mouvement de recul en voyant mon visage. Il n’a pas eu l’air dégoûté par mes cicatrices. Est-ce que je ne lui fais pas peur ?

 

A ma grande surprise, le moine me mène dans une grande salle où d’autres moines sont en train de manger, assis à une grande table. Combien y en a-t-il ? Sans doute une vingtaine, peut-être un peu moins. Je ne sais pas. Je vois juste une salle chauffée par un grand feu de bois et de la nourriture sur la table.

 

Les moines lèvent la tête en me voyant entrer dans la pièce, mais n’interrompent pas leur repas. L’un d’entre eux me fait signe de m’asseoir sur un siège vide, puis me dit que je peux manger et boire. Après le repas, le moine qui m’a invité à manger, me demande de le suivre. Il m’emmène dans ce qui devait être une chambre ou plutôt une cellule, jadis. Les pierres sont à nus mais il y a un lit, une armoire et un crucifix au mur. Il me dit qu’il est le père supérieur de ce monastère, qu’il me souhaite la bienvenue, que je trouverai de quoi me changer dans l’armoire et qu’ensuite je peux dormir tant que je veux sur le lit. Et si par la suite je veux m’en aller, je suis libre, mais si je préfère rester, je suis le bienvenu.

 

J’ai envie de le remercier. Je ressens sa gentillesse. Mais les mots ne franchissent pas mes lèvres cette fois encore. Pourtant, moi aussi j’ai envie de lui poser des questions. Je voudrais savoir pourquoi ces moines qui ont l’air de sortir du passé, vivent dans ce monastère complètement en ruine, isolé au milieu de la forêt, accessible par un chemin que plus personne n’utilise… Mais je n’y arrive pas. Je m’assieds sur le lit. J’enlève mes vêtements mouillés. C’est la première fois depuis toutes ces années que j’enlève les haillons malodorants qui me servent de vêtements. C’est la première fois depuis toutes ces années que j’enfile des vêtements propres, même si ce sont des vêtements de moines, même si j’aurais du demander à pouvoir me laver avant de me changer… Je suis bien trop fatigué. Je crois que j’ai tellement l’habitude de vivre dehors, dans le froid et la pluie, que le fait d’avoir mangé dans cette grande salle chauffée m’a donné sommeil.

 

Sans un mot, je me couche sur le lit et m’endors comme une souche.

 

Combien de temps suis-je resté dans ce monastère ? A mon avis une année, puisque quand je suis arrivé nous allions vers l’hiver et maintenant nous sommes à nouveau presqu’en hiver.

 

Durant cette année, je n’ai presque pas ouvert la bouche. Je n’ai posé aucune des questions que j’avais envie de poser. Je ne sais toujours pas ce que ces moines font ici, perdus au beau milieu de la forêt. Je n’ai répondu à aucune de leurs questions non plus. Mais ça, c’était à prévoir. Comment pourrais-je leur répondre alors que je ne sais rien sur moi-même. Et ici dans ce monastère, le monstre n’est jamais venu. Pas une seule fois. Mais il m’a moins manqué que d’habitude puisque j’avais la compagnie des moines. Et même, je crois qu’il ne m’a pas manqué du tout. S’il n’y avait pas le fait que le monstre m’aide à me rappeler des bribes de ma vie d’avant, je crois que je pourrais rester ici toute ma vie, au milieu de ces moines qui ne cherchent pas à en savoir plus sur moi. Je sais que par curiosité ils ont envie d’en savoir plus. Je ne sais pas s’ils pensent que je refuse de leur parler de ma vie ou s’ils comprennent que je ne m’en souviens plus, mais j’ai compris qu’ils respectaient mon silence. Ce sont vraiment de saints hommes.

 

Pendant cette année, j’ai beaucoup moins pensé à ma vie d’avant et à mes souvenirs perdus. Je me suis lavé aussi. J’ai changé de vêtements. Je me suis rasé. J’ai découvert dans un miroir, l’autre côté de mon visage. Celui qui est intact, mais qui jusqu’alors était recouvert de crasse et de barbe. Ca me fait bizarre. J’ai presque l’air normal quand je me regarde de profil. J’ai presque l’air d’un garçon qui a un peu moins de 20 ans. D’un adolescent. Oh je ne suis pas beau, ça je m’en suis bien rendu compte. J’ai le poil noir et dru, les yeux noirs enfoncés dans les orbites, les sourcils noirs et touffus, la peau foncée, tannée par des années de vie au grand air et au soleil.

 

Souvent je me regarde dans la glace, de profil, dans l’espoir de voir à quoi je ressemblais avant. Je me regarde de face aussi. Je me regarde dans les yeux jusqu’à presque m’hypnotiser, dans l’espoir de voir ressurgir mon passé. Mais de moins en moins souvent. Sans qu’ils ne m’aient rien demandés, je partage la vie et le travail des moines. Je trouve ça normal. C’est une manière de gagner le pain et le gîte que l’on me donne. Donc je me lève très tôt. Je participe beaucoup aux travaux du potager. Je m’occupe des animaux. Et le soir après le repas et les prières, je suis souvent bien trop fatigué que pour penser à ma vie d’avant.

 

J’aurais peut-être pu rester toute ma vie chez les moines. Je crois que j’aurais aimé ça finalement. Je ne sais pas comment ça se fait, mais je connaissais toutes les prières qu’ils récitaient. Elles me revenaient tout simplement. Mais voilà, il a fallu qu’un jeune novice me voie au moment où je satisfaisais mes besoins naturel avec une chèvre. Je le faisais souvent depuis mon arrivée, mais personne ne s’en n’était jamais aperçu puisque j’étais seul à m’occuper des animaux. Il a fallu que ce novice, qui d’habitude s’occupait de balayer et nettoyer ainsi que de ranger les livres des moines, entre dans l’étable au moment précis où je m’occupais de la chèvre. Je me suis rendu compte qu’il m’observait. Il a fallu que je m’arrête. Je ne peux pas supporter que l’on m’observe. C’est comme si l’on regardait quelqu’un en train de faire ses besoins. Ce n’est pas propre. Je me suis arrêté. J’ai vu le novice, je crois qu’il s’appelait Philippe, en train de me regarder avec des yeux ronds. Il était jeune. Quel âge devait-il avoir ? Pas plus de 14 ou 15 ans en tout cas. Comme mon besoin n’était pas satisfait, j’ai sauté sur lui et je l’ai violé. J’étais en colère contre lui parce qu’il m’avait dérangé. Encore plus en colère parce qu’il se mettait à hurler et ne voulait pas se laisser faire. J’ai pris un bâton, je crois que c’était un manche de fourche et je me suis mis à lui taper dessus. Je voulais qu’il se taise. Mais il continuait à beugler. Alors j’ai pris une grosse pierre qui était tombée du mur en ruine et je la lui ai écrasée sur la tête. Sa tête a éclaté comme une noix de coco. Du sang a giclé. Philippe s’est enfin tu et j’ai pu continuer. Il n’était pas mort puisqu’il bougeait et gémissait faiblement. Quand j’ai eu fini, j’étais toujours en colère. Je n’arrivais pas à avaler le fait que ce gamin m’ait observé. De rage, j’ai pris le manche de la fourche et je le lui ai enfoncé dans l’anus. De toutes mes forces. Ca a eu l’air de le réveiller. Il s’est mis à hurler encore plus fort et à gesticuler dans tous les sens. Le sang giclait partout.

 

Finalement des moines sont accourus en entendant les hurlements de cet abruti. Heureusement que j’ai entendu leurs pas et leurs cris. Je me suis rhabillé en vitesse, j’ai pris une hache à tout hasard et je me suis enfui par le mur effondré derrière l’étable. Les moines m’ont vu fuir, mais ils sont vieux et lents. Ils ne parvenaient pas à me suivre et encore moins à me rattraper.

 

Par sécurité j’ai quand même couru très longtemps, puis marché lorsque j’étais essoufflé. Je me suis caché dans une espèce de bergerie en ruine où j’ai passé la nuit. Je crois que je devais être assez loin du monastère.

 

En me réveillant, je ressens un sentiment très bizarre. Un sentiment que je ne comprends pas. Je crois que je l’ai déjà ressenti, mais je n’en suis pas sûr. Et je ne sais plus quand. Je suis triste de ne pas pouvoir retourner chez les moines. Pas seulement triste de ne pas pouvoir dormir dans un lit et manger un repas chaud à une table dans une salle chauffée, non. Triste de ne plus revoir ces moines que j’ai côtoyés pendant une année je crois. Triste de devoir quitter un endroit où je me sentais bien et où j’aurais pu terminer ma vie. Je crois que j’aurais pu entrer en religion. Je crois que j’aurais aimé aussi. Il a fallu que ce petit con arrive dans l’étable et me surprenne pour venir tout gâcher.

 

En même temps je me rends compte d’autre chose. C’est la première fois que je tue un être humain de moi-même, sans l’intervention du monstre. Parce que c’est bien moi qui l’ai tué Philippe. C’est moi tout seul qui l’ait tué. Le monstre n’y est pour rien cette fois-ci. Le monstre n’avait pas accès au monastère et à ses environs immédiats. Et de toutes manières, il n’était pas là. Il n’a pas pris possession de moi. Qu’est-ce qui m’arrive ? Est-ce que je suis aussi un assassin ? Non, je ne crois pas. Je crois que c’est simplement la colère contre Philippe. D’ailleurs je l’aimais bien Philippe. S’il s’était laissé faire, je ne l’aurais pas tué. Je ne suis pas un assassin. Mais il fallait que je me soulage. Oui, tout est de sa faute. Il aurait du se laisser faire ou simplement ne pas entrer dans l’étable, comme moi je n’entrais pas dans les toilettes quand il était en train de faire ses besoins.